Christophe KOCH
Le déclic s’est passé en 1969 quand j’accompagnais mon grand-père pour aller chercher une bonne bouteille au fond de sa cave souterraine, où les vieux millésimes de Bordeaux et de Bourgognes se disputaient la vedette, sous une fine couche de poussière humide, avec force Cognac et Armagnac.
Puis j’ai eu la chance d’avoir à l’adolescence un mentor dans le monde du Vin en la personne de mon proche cousin, Edouard Dekester, directeur de distillerie à Saint André de Sangonis (34), aujourd’hui disparu.
Il m’a transmis son goût de l’aventure (il avait travaillé au Brésil et en Afrique), sa capacité d’adaptation dans un monde en perpétuel mouvement, mais aussi sa culture œnologique, passionné qu’il était par les prémices de la révolution qualitative du vignoble Languedocien dans les années 1980.
Cela m’a permis de devenir le plus jeune dirigeant de cave coopérative de France en 1982 à Saint Laurent d’Aigouze (30), à l’âge de 21 ans. Certes, ce n’était pas un Terroir de coteaux, mais vinifier 80 000 hectolitres de Vin par an m’a aidé à me familiariser avec les techniques œnologiques et l’intensité de travail que procuraient ces périodes de vendanges. Il faut dire qu’à l’époque, nous rentrions 10 000 tonnes en 21 jours…
En 1987, je suis nommé directeur de la « Carignano » à Gabian (34), cave coopérative Héraultaise de 45 000 hectolitres dont le terroir réputé en AOC Coteaux du Languedoc nous a permis d’obtenir de multiples succès tant qualitatifs que commerciaux.
Une opportunité survenue en 1993 a orienté ma carrière vers Madagascar, pour une mission de 2 ans, où j’ai pris la direction des Etablissement Millot, joint-venture Franco-Malgache spécialisée dans la production, la collecte et la transformation de produits tropicaux :
- huiles essentielles d’Ylang-Ylang, de poivre, de basilic, de palma rosa, de combava etc… pour le groupe de parfumerie Bourjois-Chanel,
- préparation de cacao Criollo pour le Chocolatier Valrhona,
- collecte et préparation de café vert (5000 tonnes/an), de cacao, vanille, poivre vert, raphia, quartz optique, cannelle, noix de cajou, piment.
La construction d’une unité d’extraction de concrête de jasmin et la création d’une plantation de vétiver ont contribué à enrichir mon séjour d’expériences inoubliables.
1996 retour en France, où la responsabilité de créer leur filiale de Vins haut de gamme à l’export m’est confiée par la SICA « Vignerons Catalans ». Je prends en plus la direction export du groupe sur l’Asie et l’Amérique du Nord jusqu’en 2003 où je quitte cette entreprise pour tenter l’aventure des Vins Bio, qui se révèle enrichissante en terme de connaissances mais difficile dans un contexte de crise profonde et de prix bas.
Je rebondis en 2006-2007 en créant avec mon épouse Florence notre propre société dans le conseil viticole, œnologique et commercial. Cette nouvelle option me conduit en Chine pour y implanter un vignoble et une cave dans la province du Shandong. Je m’aperçois là-bas de la formidable complémentarité entre l’agriculture et les énergies renouvelables.
De retour en France, fort de cette nouvelle expérience, j’oriente ma société vers le développement de projets d’énergies renouvelables en milieu viticole ; dès 2008, je signe un partenariat avec le groupe JUWI AG (Allemagne) ; six ans plus tard, nous mettons en service la plus grande centrale agri-solaire photovoltaïque de France avec 87 hectares à Ortaffa (66). Je m’occupe du développement et tout particulièrement des mesures de compensation agricoles avec la replantation de 43 hectares de vignes de qualité, l’installation d’un berger et d’un apiculteur.
En 2014, je passe avec succès un diplôme Universitaire de conception et d’installation de systèmes d’énergies renouvelables à l’Université de Perpignan Via Domitia.
Puis en 2015, nous investissons en famille dans un petit vignoble dans les Pyrénées Orientales, que nous cultivons en bio pour en faire un fleuron de ce joli Terroir des Aspres. Forts de notre expérience, nous accompagnons à l’export quelques Domaines émergents de notre région. Nous avons avec mon épouse Florence, nos enfants Loïc, Laura, Lucie et Louise et mes 2 ainés Léa et Baptiste, la volonté de participer activement à la transition énergétique, car chacun, y compris dans la viticulture bio, a sa part de responsabilité dans l’émission de gaz à effet de serre. Cette démarche nous permettra, nous en sommes conscients, de leur laisser ainsi qu’aux générations futures un monde plus humain, plus propre et plus pacifique qu’aujourd’hui.
La boucle est bouclée, je partage désormais mon temps et mon énergie entre ma famille, le Vin et les énergies renouvelables.